lundi 12 octobre 2009

Affiche de l'UDC : jeu politique ?

Olivier François, fantastique juriste s’il en est, indique que les professeurs de droit ne connaissent pas les lois. Certes, il est difficile de toutes les connaître dans un pays où pas moins de 26 systèmes différents sont présents et où les communes disposent de pouvoirs législatifs non négligeables. Il n’empêche, au-dessus de ces quelques lois en figurent d’autres, plus fondamentales pour notre ordre politique. Ainsi, la Constitution codifie certains principes, dont celui primordial de la liberté d’expression. Cette même liberté jouit d’une plus grande étendue lorsqu’elle est utilisée dans un débat politique. Il est même possible d’utiliser des images ouvertement discriminatoires lors des votations. Cela répond à un besoin simple : la population choisit souverainement son camp. Vox populi, vox dei. Ce droit connaît toutefois quelques restrictions : les affiches dont le contenu est répréhensible pénalement sont interdites. Par ailleurs, tout diffuseur privé peut refuser une affiche. Au nom de l’interdiction des affiches racistes, différentes communes ont interdit une affiche de l’UDC. L’affiche en question n’est pas raciste au point de vue pénal. Même la commission fédérale contre le racisme le dit. Ce faisant, elles tentent de bloquer un débat.

Qu’on ne s’y trompe pas : la seule et réelle intention des politiques est d’empêcher l’UDC de gagner de l’électorat.

La gauche n’a en effet aucun intérêt à voir ce débat surgir. Ses fondements l’obligent à promouvoir un respect quasiment absolu de la confession de chacun. Justement, les sondages récents indiquent que les Suisses sont farouchement opposés à ces différences. Pire, ce sont les femmes qui sont contre.

Les partis de droite sont plus à l’aise sur ce terrain. Mais là où le PDC ne devrait pas oublier sa dernière lettre, garante de son soutien populaire, le PLR se croit obligé de soutenir une position intellectuelle.

Le pire étant que ces partis réussissent. En effet, ils ont déplacé le débat des minarets vers celui de l’interdiction de l’affiche. Quel coup politique ! Peu importe que l’initiative soit ou non acceptée. Personne n’en a cure. Pas même les musulmans de Suisse. En revanche, ce faisant, les partis politiques traditionnels évitent de jouer un jeu très dangereux.

On remarque également la présence d’une porte de sortie : le manque de moyens. Tous n’ont pas manqué de mentionner cet élément dans la presse. Il faut bien faire comprendre à l’électeur moyen qu’il ne verra pas son parti combattre l’initiative.